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  • samedi 28 décembre 2013

    Les cerveaux du règne animal | Frans de Waal

    Les cerveaux du règne animal

    Frans de Waal

    Traduit de l'anglais par Dominic Hofbauer


    Frans B. M. de Waal est professeur en éthologie des primates au département de psychologie de l'Université Emory à Atlanta, et directeur du Living Links Center au Yerkes National Primate Research Center. Il a publié de nombreux livres dont La politique du chimpanzé, De la réconciliation chez les primates et Le singe en nous.

    L’article ci-dessous est paru le 23 mars 2013 dans le Wall Street Journal, aux États-Unis. sous le titre « The brains of the Animal Kingdom ». Nous remercions Frans de Waal et le Wall Street Journal d’avoir autorisé les Cahiers antispécistes a en publier la traduction française.



    Qui est le plus intelligent : un humain ou un singe ? Eh bien, tout dépend de la tâche à accomplir. Prenons le cas d'Ayumu, un jeune chimpanzé mâle qui infligea un affront aux capacités humaines de mémorisation lors d'une étude menée à l'Université de Kyoto en 2007. Dans cette expérience, le chimpanzé retient des séries aléatoires de 9 chiffres, compris entre 1 et 9, qui apparaissent une fraction de seconde sur un écran tactile, puis disparaissent, masqués sous de petits carrés blancs, qu'Ayumu touche ensuite tour à tour, dans l'ordre croissant des numéros qui figuraient à leur place. Je me suis moi-même essayé à cet exercice, sans parvenir à me souvenir de l'emplacement de plus de 5 chiffres consécutifs, alors que je disposais de bien plus de temps que ce chimpanzé au cerveau agile. Dans l’étude réalisée à Kyoto, Ayumu a aussi distancé – et de loin – tout un groupe d'étudiants. L'année suivante, il battait le champion britannique des concours de mémoire, Ben Pridmore.




    Comment soumettre un chimpanzé – ou un éléphant, une pieuvre, un cheval… – à un test de QI ? Cette question sonne comme le début d’une histoire drôle, mais elle compte en réalité parmi les interrogations les plus épineuses auxquelles la science est confrontée aujourd'hui. Durant les dix dernières années, les chercheurs en cognition animale ont imaginé quelques stratagèmes ingénieux pour y répondre. Et leurs découvertes ébranlent la place unique que l'homme s'octroie dans l’univers depuis, au moins, l'Antiquité grecque. Selon la scala naturae (échelle de la nature) d'Aristote, les différentes formes de vie sont classées de bas en haut, avec les humains au sommet. À l’âge des Lumières, le philosophe René Descartes – un fondateur de la science moderne – considérait les animaux comme des automates sans âme. Au XXe siècle, le psychologue américain B. F. Skinner et ses adeptes les dépeignaient comme n’étant guère plus que des machines répondant à des stimuli. S'ils admettaient qu’ils puissent apprendre, ils leur déniaient la pensée et la sensibilité. La notion de « cognition animale » demeurait un oxymore. Cependant, un éventail grandissant de données indique que nous avons sous-estimé à la fois l'étendue et le niveau de l’intelligence animale. Une pieuvre peut-elle utiliser des outils ? Les chimpanzés ont-ils le sens de l’équité ? Les oiseaux peuvent-ils deviner ce que savent leurs congénères ? Les rats ressentent-ils de l'empathie pour leurs amis ? Il y a quelques dizaines d'années, nous aurions sans doute répondu « non » à toutes ces questions. De nos jours, nous en sommes moins certains.


    Les recherches menées avec des animaux ont longtemps été handicapées par nos préjugés anthropocentriques : nous leur proposions souvent des tests qui fonctionnent bien avec des humains, mais moins bien avec d'autres espèces. De nos jours, les scientifiques cherchent davantage à s'adresser aux animaux dans leurs propres termes, au lieu de les traiter comme des humains à poils ou à plumes. C'est là un changement d'approche qui modifie fondamentalement notre compréhension de leurs capacités. En voici un parfait exemple. Pendant des années les scientifiques ont pensé que les éléphants sont incapables d'utiliser des outils. Tout au plus admettait-on qu’il pouvait leur arriver de prendre un bâton pour se gratter le dos. Dans des expériences menées dans le passé, on mettait à la disposition des éléphants un long bâton pour voir s’ils s’en servaient pour attraper de la nourriture placée hors de leur portée. Ce dispositif fonctionne bien avec les primates, mais les éléphants ne montraient aucun intérêt pour le bâton. On en conclut que les éléphants ne comprenaient pas le problème. Il ne vint à l'esprit de personne que c’était peut-être nous, les chercheurs, qui ne comprenions pas les éléphants. Considérons le test du point de vue de l'animal. Contrairement à la main des primates, l’organe de préhension des éléphants est aussi leur nez. La trompe ne leur sert pas uniquement à saisir la nourriture, mais aussi à la sentir et la toucher. Avec leur odorat incomparable, ils savent exactement ce qu’ils vont chercher. La vue joue un rôle secondaire. Mais dès qu'un éléphant se saisit d'un bâton, ses conduits nasaux sont bloqués. Même quand le bâton est proche de la nourriture, elle ne peut être ni sentie ni touchée. C’est comme proposer à un enfant une chasse aux oeufs de Pâques avec les yeux bandés.


    Quelle sorte d'expérience rendrait justice à l'anatomie et aux capacités propres de l'animal ? Lors d'une visite récente au zoo de Washington, j’ai rencontré Preston Foerder et Diana Reiss du Hunter College, qui m’ont montré comment Kandula, un jeune éléphant mâle, réagit à ce problème s'il lui est présenté différemment. Les scientifiques ont suspendu un fruit au-dessus de l'enclos, hors de portée de l'éléphant. L'animal avait à sa disposition un bâton et une solide caisse carrée. Kandula a ignoré le bâton mais, au bout d’un moment, il s’est mis à pousser la caisse avec sa patte, en ligne droite, jusqu'à ce qu'elle soit juste sous le fruit et qu'il puisse s'en servir comme marchepied et atteindre la nourriture avec sa trompe. Un éléphant peut donc utiliser des outils – à condition que ce soient les bons. Pendant que Kandula savourait sa récompense, les chercheurs m’ont expliqué comment ils avaient varié l'exercice, le rendant plus difficile pour l’éléphant. Ils avaient placé la caisse plus loin dans l’enclos, hors de sa vue, de sorte que lorsque Kandula regardait le fruit convoité, il lui fallait se souvenir de la solution et s'éloigner de la nourriture pour aller chercher l'outil. À part quelques espèces dotées d’un cerveau de grande taille, comme les humains, les grands singes et les dauphins, peu d'animaux en sont capables. Kandula l’a fait sans hésiter, allant chercher la caisse placée très loin de lui.


    Une autre erreur fut commise lorsqu'on voulut soumettre des éléphants au classique « test du miroir », qui renseigne sur la capacité d'un individu à reconnaître son propre reflet. Dans les premiers essais, les chercheurs placèrent un miroir sur le sol devant la cage des éléphants. Mais la glace était bien plus petite que le plus grand des animaux terrestres. Tout ce que l'éléphant pouvait y apercevoir c’était quatre pattes derrière une double série de barreaux (car le miroir les dédoublait). Lorsqu'on dessina une marque sur le corps de l'animal qu'il ne pouvait voir qu'avec l'aide du miroir, il ne la remarqua pas. On en conclut que la conscience de soi est absente chez cette espèce. Mais Josua Plotnik de la Think Elephant International Foundation modifia le dispositif expérimental en mettant à la disposition des éléphants un miroir carré de 2,5 mètres de côté que les éléphants pouvaient toucher, sentir, et même contourner pour regarder derrière. Une éléphante d’Asie sut se reconnaître. Debout devant le miroir, elle frotta à plusieurs reprises avec sa trompe la croix blanche que l'on avait dessinée sur son front, chose qu’elle ne pouvait accomplir qu’en faisant le lien entre son reflet et son propre corps.
    Il y a vingt ans encore, on pensait que notre espèce surpassait toutes les autres dans la capacité de reconnaissance faciale. Cette croyance erronée reposait là aussi sur un dispositif expérimental inadéquat. On avait fait des tests sur d’autres primates, mais en leur soumettant des visages humains, supposés plus faciles à distinguer. Lisa Parr, l'une de mes collaboratrices à l'Université d'Emory, obtint pourtant des résultats excellents en testant l'aptitude des chimpanzés à reconnaître des visages d'autres chimpanzés. En sélectionnant des portraits sur un écran d'ordinateur, ils parvenaient même à établir des liens de parenté entre de jeunes chimpanzés et leurs mères, à partir d'un choix composé d'une femelle et de deux autres singes (dont l'un était son enfant). Leur choix n'était déterminé que par la ressemblance physique, car les chimpanzés de l'expérience ne connaissaient aucun des chimpanzés vus à l'écran.


    Il nous faut peut-être aussi repenser la physiologie de l'intelligence. Prenons le cas des poulpes. En captivité, ces animaux reconnaissent leurs soigneurs, et parviennent à ouvrir des boîtes à pilules munies de bouchons de sécurité – ce qui n'est d'ailleurs pas toujours facile pour un humain. Les poulpes possèdent le cerveau le plus volumineux que l'on puisse trouver chez les invertébrés, mais leurs capacités étonnantes ont peut-être une autre origine. Il semble en effet que chez ces animaux, le siège de la cognition ne soit pas uniquement dans le cerveau. Les pieuvres possèdent des centaines de ventouses, chacune munie d'un ganglion avec des milliers de neurones. Ces « mini-cerveaux » sont connectés entre eux et composent un système nerveux largement réparti dans tout l'organisme. C'est la raison pour laquelle un tentacule sectionné peut ramper tout seul et même saisir de la nourriture. Lorsqu'une pieuvre change de couleur pour se défendre, en prenant par exemple l'apparence d'un serpent marin venimeux, il se peut que la décision vienne de la peau elle-même et non du cerveau central. Une étude de 2010 a mis en évidence la présence de séquences de gènes dans la peau des sèches semblables à celles qu’on trouve dans la rétine. Se pourrait-il qu’un organisme possède une peau qui voit et huit bras qui pensent ?


    Soyons prudents, cependant, car il nous est aussi arrivé par le passé de surestimer les capacités mentales des animaux. Ainsi, il y a environ un siècle, on a cru qu’un cheval allemand nommé Hans savait soustraire et additionner des nombres. Son propriétaire lui demandait, par exemple, combien faisaient 4 x 3, et Hans frappait son sabot sur le sol 12 fois. Les gens étaient stupéfaits et Hans devint une attraction internationale. Du moins jusqu'à ce que le psychologue Oskar Pfungst se mette à étudier les aptitudes du cheval. Pfungst découvrit que le cheval ne réussissait les calculs que lorsque son propriétaire connaissait la réponse et que Hans pouvait le voir. Apparemment, le propriétaire changeait légèrement de position ou d'attitude lorsque Hans atteignait le nombre exact de coups de sabots. (Le propriétaire faisait cela inconsciemment, il n’y avait pas trucage délibéré de sa part.) Certains estiment que la leçon à tirer de cette découverte est que Hans doit être rétrogradé sur l’échelle de l’intelligence. Pour ma part, je trouve ce cheval très intelligent. Il n’était peut-être pas très doué pour le calcul, mais sa compréhension du langage corporel humain était remarquable. Et n'est-ce pas là une des aptitudes dont les chevaux ont le plus besoin ?


    La prise de conscience de « l’effet Hans », comme on a coutume de l’appeler de nos jours, a fait beaucoup progresser la recherche en cognition animale. Malheureusement on n'en tient pas suffisamment compte lors de recherches comparables menées avec des humains. Quand on teste en laboratoire les capacités cognitives des chiens, leurs propriétaires ont les yeux bandés, ou alors on leur demande de regarder dans une autre direction. Par contre, on continue à tester les jeunes enfants alors qu’ils sont assis sur les genoux de leur mère. Cela revient à supposer que les mères font simplement office de chaises, alors que chacune d’elles souhaite certainement que son enfant réussisse. Rien ne garantit que leur regard, leurs mouvements de tête, ou de légers changements de position ne soient pas autant de signes que l’enfant est capable de décoder. Cette asymétrie dans les conditions expérimentales est à prendre en compte tout particulièrement dans les tests visant à comparer l'intelligence des grands singes à celles des enfants. Les scientifiques qui pratiquent ces tests soumettent souvent les mêmes problèmes aux deux espèces et traitent les sujets exactement de la même manière. Du moins le croient-ils. Mais les enfants sont tenus par leurs parents ; on leur dit « regarde ça ! » « Où est le lapin ? », et ils interagissent avec des membres de leur propre espèce. Les singes par contre sont derrière les barreaux d’une cage, ne bénéficient pas du langage ou de la présence d’un proche parent qui connaît les réponses, et se trouvent face à des membres d’une autre espèce. L’expérience est massivement biaisée en leur défaveur. Mais s'ils ne réussissent pas à faire aussi bien que les enfants, on en conclut invariablement qu'ils ne possèdent pas les capacités mentales étudiées. Une étude récente sur les mouvements oculaires des chimpanzés a montré qu’ils suivent beaucoup mieux le regard de leurs congénères que celui des humains. Cette simple découverte a des implications considérables pour toute expérience nécessitant que l'animal prête attention aux expérimentateurs humains. La barrière d'espèce explique peut-être entièrement les différences de performances constatées entre les enfants et les chimpanzés.


    Le problème de l'absence de preuves sous-tend bon nombre de nos conceptions erronées à propos de l'intelligence des animaux. Lorsque je me promène en forêt dans l’État de Géorgie, où je vis, et que je n’entends ni ne vois aucun grand pic, suis-je autorisé à en conclure que l'oiseau est absent ? Bien sûr que non. Le pic est bien connu pour son talent à contourner les arbres pour rester hors de vue. La seule chose que je puisse dire est que je manque de preuves. À cet égard, les sciences de la cognition animale ont de quoi laisser perplexe. Elles ont derrière elles une longue histoire d’affirmations sur l’absence de capacité mentales diverses, fondées uniquement sur un petit nombre d’expériences de type « promenade en forêt ». De telles conclusions contredisent le fameux adage de la psychologie expérimentale : « L'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence. »



    Considérons à présent la question de savoir si nous sommes la seule espèce à se préoccuper du bien-être d'autrui. On sait que les grands singes vivant à l’état sauvage se portent mutuellement assistance pour, par exemple, se défendre contre un léopard, ou consoler des congénères dans la peine à grand renfort d'embrassades. Pourtant, ces observations ont été ignorées durant des décennies, tant on s'est focalisé sur des expériences sensées montrer le caractère purement égoïste des animaux. On a affirmé cela sur la base d’un dispositif conçu pour voir si un chimpanzé pousserait de la nourriture vers un autre. Mais il se peut que les chimpanzés n’aient pas compris le dispositif. Car, lorsqu'on leur a proposé d'obtenir de la nourriture avec un système de jetons (un type de jetons pouvant être échangé contre de la nourriture uniquement pour celui qui les donne, l’autre en procurant aussi à un second chimpanzé), ils ont préféré les jetons qui en procuraient aux deux. Il est même possible que d'autres espèces fassent preuve d'une générosité similaire. Une étude récente a montré que des rats libéraient un congénère prisonnier, même quand une boîte de chocolats était posée à côté d’eux. De nombreux rats ont d’abord libéré leur congénère, puis ils se sont jetés sur les friandises qu’ils ont volontiers partagées.


    Dans mon domaine de recherche, on observe une constante historique : chaque fois qu'un supposé « propre de l’homme » trouve son équivalent dans le règne animal, on en invoque aussitôt un autre pour le remplacer. Pendant ce temps, la science ne cesse de miner le mur qui nous sépare des autres animaux. Après les avoir considérés comme des automates fonctionnant sur le mode « stimulus-réponse » ou comme des machines guidées par l’instinct, le regard que nous portons sur eux a changé : nous les voyons désormais comme des décideurs au comportement sophistiqué. L'échelle d'Aristote n'est pas seulement en train de raccourcir, elle se transforme en un buisson qui comporte de nombreuses branches. N'y voyons pas une insulte à la supériorité humaine. Ce dont il s’agit, c’est de reconnaître, enfin, que la vie intelligente n'est pas tant à rechercher aux confins de l'espace qu'elle n'est à découvrir en abondance ici, sur Terre, juste sous nos yeux.

    lundi 9 décembre 2013

    Une refonte du statut juridique de l'animal s'impose, mais ne suffira pas - Aymeric Caron

    A lire dans LE POINT décembre 2013, dossier spécial sur LES ANIMAUX, intelligence, émotion : les incroyables découvertes.

    Ci-dessous, dans ce dossier se trouve l'article d'Aymeric Caron, journaliste et auteur de "no steak".


    Vingt-quatre personnalités françaises de la philosophie, des sciences et de la littérature viennent de faire paraître un manifeste dans lequel ils réclament un nouveau statut juridique pour l’animal. Ils s’insurgent contre le code civil qui considèrerait les animaux comme des choses et exigent que leur statut d’« êtres vivants et sensibles» soit reconnu.
    On ne peut évidemment que se réjouir de cette mobilisation qui témoigne d’un salutaire et progressif éveil des consciences en faveur des droits des animaux. Malheureusement, il faut également douter de l’efficacité de la revendication affichée.


    En effet, le droit français reconnaît déjà la sensibilité de l’animal : celle-ci est clairement notifiée dans le code rural et le code pénal. C’est bien pour cela que les tribunaux prononcent régulièrement des condamnations pour mauvais traitements ou actes de cruauté.


    Par ailleurs il est inexact d’affirmer, comme on a pu l’entendre récemment, que le code civil rabaisse l’animal au rang de chose, à savoir à une pièce de mobilier, au même titre qu’une chaise ou une table. Il s’agit là d’un contresens. Certes, le code civil place l’animal dans la catégorie des «biens » et précise que les animaux sont « meubles par nature ». Mais dans cette expression, le mot « meuble » renvoie au caractère mobile de l’animal, qui peut être déplacé ou se déplacer par lui-même. D’ailleurs le code civil précise que l’animal peut également être un bien « immeuble » dans certaines circonstances. Le substantif « bien » souligne quant à lui le fait que cet animal a une valeur financière et qu’il peut avoir un propriétaire, ce qui est conforme à la réalité, puisque les bêtes sont l’objet de transactions commerciales. On les achète, on les vend, on spécule sur le prix de leur chair.


    Et c’est bien là que réside en réalité le problème : tant que les animaux continueront à être des marchandises produites et échangées, au même titre que des tee-shirts ou des voitures, leur sort ne pourra s’améliorer. Tant que notre morale ne réprouvera pas le commerce d’êtres « vivants et sensibles», le sort de ces derniers ne s’améliorera qu’à la marge. Car la logique du profit est contradictoire avec celle du bien-être animal. Une mesure qui améliore le confort de l’animal/objet de consommation entraîne le plus souvent une perte de bénéfice pour son producteur. L’industrie agro-alimentaire ne tient compte de la sensibilité des bêtes que parce qu’elle y est légalement contrainte, et le commerce des animaux de compagnie n’est guère plus glorieux : les animaleries sont gérées en fonction de ce même souci de rendement, ce qui génère la multiplication des triches et des trafics. Par conséquent, l’enfer que nous infligeons aux animaux ne cessera que lorsque leur commerce sera interdit. Pas avant.


    Cela implique, évidemment, que l’on cesse par exemple de manger de la viande. Ce jour viendra tôt ou tard, mais cela prendra du temps. Que faire alors d’ici là ? Se croiser les doigts ? Non, car il est d’ores et déjà possible de dépoussiérer une législation obsolète et incohérente. Ainsi, selon qu’il est domestique, apprivoisé, tenu en captivité, sauvage, de compagnie, espèce protégée ou nuisible, un animal ne bénéficie pas des mêmes protections : sa sensibilité et son intelligence n’ont pas la même valeur.


    En outre, un représentant d’une même espèce, selon le contexte dans lequel on le place, jouit d’un droit à l’existence très variable. Prenez un chien par exemple. Chien de compagnie, avec un maître. Chien errant, qui finira dans un refuge, puis euthanasié. Chien de laboratoire, utilisé pour des expériences. La capacité à ressentir l’angoisse, la douleur ou la joie est la même pour ce chien dans chacune de ces circonstances. Son « intérêt à vivre », pour reprendre le concept cher au philosophe Peter Singer, aussi. Pourtant nous décrétons pour cet animal, dans chacun de ces cas, un droit à profiter de son existence qui diffère. 


    Aberration d’un autre genre : pourquoi est-il autorisé d’embrocher un taureau dans une arène en certaines régions de France, alors que ce spectacle barbare est interdit, à juste titre, sur le reste du territoire ?


    C’est un fait : les vérités éthologiques et biologiques attachées aux animaux que nous exploitons sont délibérément niées, sous-évaluées ou bafouées pour satisfaire aux enjeux économiques, voire culturels, dominants. Changer quelques mots dans le code civil ne changera hélas rien à cette réalité. En revanche, il est en effet urgent de songer à une refonte totale du statut juridique de l’animal, pour lui accorder enfin un statut inaliénable, non-négociable au gré des circonstances.

    mardi 3 décembre 2013

    Compte-Rendu de la conférence foie gras du 3 décembre 2013

    Une trentaine de personnes, aussi bien étudiantes que non-étudiantes, ont participé à la première conférence / débat organisée par Sentience mardi 3 décembre 2013. Elle a commencé à 18h30 et s'est terminée vers 20h30. 

    La présentation a été réalisée par Brigitte Gothière de l'association L214. Vous pouvez télécharger le diaporama en PDF.

    Le film diffusé peut être vu via vimeo, ici :


    Foie gras : le gavage en question - (enquête) from Antonin Chiswick on Vimeo.


    Tract : Es-tu bête ?


     Lire 




    mardi 19 novembre 2013

    Conférence / Débat sur le foie gras

    Animée par Brigitte Gothière de l'association L214.

    A l'approche des fêtes de fin d'année, le volume des messages publicitaires vantant le foie gras augmente. Vu comme un « mets de choix », célébrant le « partage », qu'il soit artisanal ou industriel, le foie gras cache pourtant des secrets de fabrication peu reluisants. Nous vous invitons à découvrir l'envers du décor. En nous appuyant sur des enquêtes filmées et sur les actualités récentes, nous vous proposons de débattre de cette question de société : faut-il interdire le gavage ?


    Mardi 3 décembre 2013 à 18h30
    Événement facebook

    Salle D101, 

    à l'Université Lyon 2, 
    Campus Berges du Rhône 16, Quai Claude Bernard, 
    69007 Lyon 


    Notre compte facebook

    mercredi 13 novembre 2013

    Vidéos dans les abattoirs

    La capacité à ressentir la souffrance est une notion centrale en éthique animale.

    De manière générale, les images en abattoir sont difficiles à obtenir. En effet, ces lieux sont quasiment impénétrables (même pour un-e journaliste - CF le documentaire Une vie de cochon).

    Nous vous proposons quelques vidéos qui vous permettront de vous faire une idée sur ce que l'industrie de la viande ne souhaite pas montrer.



    France - Abattoir Charal - Bovins - 2009 - Association L214





    USA - Poisson - 2011 - Association Mercy for animals




    France - Poulet - Association L214

    Voici 2 scènes d'abattage, l'une est réalisée suivant l'abattage rituel musulman réalisé sans étourdissement préalable, c'est à dire oiseaux abattus en pleine conscience, le standard est réalisé avec étourdissement préalable des animaux. Une différence flagrante dans la réaction des oiseaux.


    Halal non halal par L214-halal-pas-halal


    France - Poules pondeuses - 2009 - Association L214





    France  - Lapins - 2007 - Association L214





    France - Bovins - 2007 - Association L214

    mercredi 6 novembre 2013

    Vitamine B12

    Qu'est-ce que la vitamine B12 ? A quoi sert-elle ?

    La vitamine B12 est une vitamine synthétisée par des bactéries. Elle est synthétisée industriellement par fermentation (1). L'alimentation des animaux élevés pour la viande, le lait et les oeufs est dans la majorité des cas enrichie en vitamines, dont la vitamine B12 qui se retrouve ensuite dans les produits animaux (viande, produits laitiers, oeufs...) (2).

    Elle rentre en jeu dans le fonctionnement du système nerveux : synthèse de neuromédiateurs, de la gaine de myéline... Elle joue aussi un rôle dans la synthèse de l'ADN et sa régulation, la synthèse d'acide gras ainsi que des globules rouges et la production d'énergie.
    Les symptômes de la carence en B12 se caractérisent par une homocystéine élevée, une anémie pernicieuse, des troubles neurologiques...

    Une carence même asymptomatique augmente les risques de maladies cardiovasculaires et neurologiques.


    Qui doit se supplémenter en vitamine B12 ?

    Les alimentations végétariennes permettent de couvrir les apports en vitamine B12 à condition de consommer des quantités importantes d'oeufs et de laitages.

    On peut lire sur divers sites ou entendre de la part des fabricants que les algues (nori, wakame, spiruline) contiennent de la vitamine B12. Or, elles ne contiennent pas de B12 assimilable par le corps humain : ce sont des analogues de B12 qui n'ont pas la même action. Comme l'alimentation végétalienne ne contient aucun aliment d'origine animale (qui eux contiennent de la B12 assimilable), les végétaliens doivent se supplémenter en B12 eux-mêmes.

    Notons, que la vitamine B12 peut se trouver dans des produits industriels enrichies en B12 comme par exemple certaines céréales du matin, des jus de fruits, etc... Ceux-ci sont cependant rares en France. Ainsi, pour couvrir ses apports, il faut se supplémenter et cela dès que l'on devient végétalien. Notons également que dans le cadre d'une alimentation végétarienne pauvre en oeufs et lait, il est également plus prudent de se supplémenter en B12.

    Vous pouvez acheter de la vitamine B12 et autres compléments en pharmacie sans ordonnance ou sur des sites véganes comme par exemple Un monde vegan.com. Son coût est modique : il revient à environ à 0,08€ par jour (prix d'un comprimé de VEG1). Pour qu'elle soit mieux assimilée, la vitamine B12 doit être pris pendant les repas.

    Note pour les étudiants étrangers :
    dans les pays d'où vous venez, il est possible que les produits que vous utilisez habituellement soient enrichies en vitamine B12. Par exemple en Irlande, le lait de soja est généralement enrichi en vitamine B12, calcium et vitamine D. Or en France, il n'y a à l'heure actuelle aucun lait de soja enrichie en B12. Il est possible d'en trouver enrichie en calcium et vitamine D (dans les magasins bio ou en supermarchés : marque distributeur, sojasun...). Durant votre séjour en France, veillez ainsi à vous supplémenter en vitamine B12.


    Apport conseillé



    Les données qui suivent sont issues du document de synthèse sur la B12 édité par la Société végane (3):



    « D’un pays à l’autre, les recommandations nationales d’apport en B12 varient beaucoup. Aux États-Unis, les recommandations préconisent une consommation de 2,4 μg par jour pour un adulte normal, allant jusqu’à 2,8 μg pour les femmes enceintes. En Allemagne, ces recommandations sont de 3 μg par jour. Pour les très faibles quantités de B12 qui sont contenues dans les aliments, le taux d’absorption est typiquement de 50 %. Les apports recommandés sont donc généralement calculés sur la base d’une absorption de 50 %. Par conséquent, il faudrait atteindre une moyenne d’absorption de 1,5 μg de B12 par jour pour correspondre aux recommandations allemandes et états-uniennes. Cette dose absorbée est faible mais elle devrait permettre à la plupart des individus d’éviter les premiers symptômes d’un apport insuffisant. Ces symptômes sont l’élévation des niveaux d’homocystéine et d’acide méthylmalonique (AMM). L’élévation du niveau d’homocystéine dans le sang, aussi faible soit-elle, est associée à l’augmentation de nombreux risques pour la santé, dont les maladies cardio-vasculaires chez l’adulte, la prééclampsie au cours de la grossesse et la malformation du tube neural des bébés. »
    « Lorsqu’on avale 1 μg de B12, l’absorption est de 50 %, mais si l’on en prend 1000 μg (1 mg) ou plus d’un seul coup, l’absorption chute à 0,5 %. Par conséquent, plus les prises sont espacées, plus leur dose élevée doit compenser cette chute d’absorption afin que l’organisme dispose bien de la quantité adéquate. »


    En conséquence, les recommandations de la Société végane concernant les posologies sont les suivantes : 
    1. Manger deux à trois fois par jour des produits enrichis afin d'obtenir au moins 3 microgrammes (μg) de B12. [Attention ! On trouve très peu de produits enrichis en France.]
    2. Prendre un supplément qui fournit 10 microgrammes quotidiennement.
    3. Prendre un supplément hebdomadaire qui fournit 2000 microgrammes.
     Il n'a pas été observé d'effet indésirable à la prise de vitamine B12 sur le long terme (4).


    Dosage du taux de vitamine B12

    « La mesure de la vitamine B12 contenue dans le sang est une analyse particulièrement peu fiable pour les véganes [végétaliens], surtout lorsqu’ils consomment des algues (sous n’importe quelle forme). Les algues, ainsi que d’autres plantes, contiennent des analogues de la B12 (fausse B12), que les analyses sanguines comptabilisent comme de la B12. Rappelons qu’en plus de fausser les analyses, ces analogues interfèrent de façon négative dans le métabolisme de la B12. Par ailleurs, les comptages sanguins ne sont pas fiables pour les véganes. En effet, lorsqu’une anémie est imputable à une carence en vitamine B12, un taux de folate élevé masque les symptômes qu’un comptage sanguin est censé détecter. L’analyse sanguine du taux d’homocystéine est bien plus fiable. Il est souhaitable que la concentration d’homocystéine soit inférieure à 10 μmol/litre. Enfin, le niveau de vitamine B12 est plus spécifiquement donné par l’analyse de l’acide méthylmalonique (AMM). Si la concentration d’acide méthylmalonique est inférieure à 370 nmol/litre de sang, votre corps a suffisamment de vitamine B12. De même, lorsqu’on teste les urines, le niveau d’acide méthylmalonique doit être inférieur à 4 mg/mg de créatinine. »

    Références : 
    1. Cf. GMO Compass : « It may be assumed (...) that vitamin B12 is manufactured as a rule with the aid of genetically modified microorganisms. »
    2. Les animaux-emballages par David Olivier, 2012 
    3. Recommandations de la Société végane sur la vitamine B12. Disponibles à https://dl.dropboxusercontent.com/u/40648100/Ce_que_tout_vegane_doit_savoir_sur_la_vitamine_B12.pdf
    4. Recommandations nutritionnelles des Pays-Bas, Centre de nutrition, encyclopédie, Vitamine B12 : http://www.voedingscentrum.nl/encyclopedie/vitamine-b12.aspx





    Autres sources :

    http://www.veganhealth.org/articles/vitaminb12

    jeudi 31 octobre 2013

    Homards ébouillantés - ass-ahimsa.net

    Les homards peuvent vivre plus d’un siècle et ont une vie sociale complexe. Leur système nerveux sophistiqué les rend sensibles à la douleur : les nœuds neuraux sont dispersés sur tout le corps et ne sont pas centralisés dans le cerveau, ce qui signifie qu’ils sont condamnés à souffrir jusqu’à ce que leur système nerveux soit complètement détruit. Séparer la moelle épinière et le cerveau en coupant l’animal en deux fait même sentir la douleur à chacune des parties encore vivante ! De plus, le homard ne dispose pas du mécanisme dont disposent par contre les humains (entre autres), qui fait qu’en cas de douleur extrême, le choc intervient pour court-circuiter la sensation. Or, d’après le Dr Robb, de l’Université de Bristol, un homard plongé directement dans l’eau bouillante reste vivant quelques quarante secondes - quarante secondes de souffrance. Placé dans de l’eau froide portée à ébullition, il peut survivre pendant cinq minutes. Tué par la méthode industrielle qui consiste à l’immerger tout simplement dans de l’eau douce, il agonise pendant deux heures...

    De leur capture jusqu’à la fin de leurs misères, ils doivent aussi endurer une privation quasi totale de mouvements pendant des semaines dans de minuscules cages métalliques dans les entrepôts, dans les aéroports, puis dans les chambres frigorifiques, puis dans les aquariums, les grands magasins et les restaurants. Par facilité, mais aussi pour éviter qu’ils ne salissent leur cage de leurs déjections, on les laisse jeûner pendant tout ce temps ; pour cette raison, de crainte que, affamés, ils ne s’en prennent les uns aux autres, on les laisse tout ce temps avec les pinces liées avec un ruban adhésif.

    Plus de 80 millions de homards vivent ce calvaire chaque année de par le monde.

    Source: (infos Gaïa, et S. O’Neil, Courrier international, n°474, et C. Gericke, Tierrechte n°22, nov. 2002)

    Si les poissons pouvaient hurler - Peter Singer 13/09/2010

    Peter Singer, Professor of Bioethics at Princeton University and Laureate Professor at the University of Melbourne, is one of the world’s most prominent ethicists. Since becoming widely known for his 1975 book Animal Liberation, a seminal contribution to the animal-rights movement, he has been at the forefront of public debates on abortion, euthanasia, genetic engineering, and “collateral damage” on the battlefield, among other ethical issues. Time magazine lists him as one of the world’s 100 most influential people.

    PRINCETON – Mon père m’emmenait régulièrement en promenade lorsque j’étais enfant, souvent le long d’une rivière ou au bord de la mer. Nous croisions parfois des pêcheurs accrochés à leur ligne au bout de laquelle se débâtait un poisson. J’ai même vu une fois un homme sortir un petit poisson de son seau et l’accrocher à l’hameçon encore vivant pour servir d’appât.

    A une autre occasion, lorsque nos pas nous menaient au bord d’un ruisseau tranquille, j’ai vu un homme qui observait sa ligne, apparemment en paix avec le monde, alors qu’à ses côtés, des poissons récemment pêchés se débattaient désespérément dans un seau, le souffle coupé. Mon père m’avait alors dit qu’il ne comprenait pas que l’on puisse apprécier de sortir des poissons de l’eau et de les voir mourir lentement.

    Ces souvenirs d’enfance me sont revenus en mémoire à la lecture de Worse things happen at sea: the welfare of wild-caught fish (Les pires choses arrivent en mer : du bien-être des poissons sauvages, ndt), un rapport décisif publié le mois dernier sur le site fishcount.org.uk. On a fini par admettre un peu partout dans le monde que si des animaux doivent être tués afin d’être consommés, ils devraient l’être sans souffrance. La réglementation sur l’abattage des animaux exige généralement que les bêtes soient endormies avant d’être abattues, ou que la mort soit instantanée, ou, dans le cas d’abattages rituels, que l’abattage soit aussi proche que possible de l’instantané en fonction de ce qu’autorisent les doctrines religieuses.

    Pas pour les poissons. Il n’y a aucune obligation d’humanité concernant la pêche et l’abattage de poisons sauvages en mer, ni en ce qui concerne les poissons d’élevage dans la plupart des cas. Les poissons pris dans les filets des chalutiers sont balancés à bord du bateau où on les laisse suffoquer. Empaler un appât vivant sur un hameçon est une pratique commerciale commune : la pêche à longue ligne traînante, par exemple, utilise des centaines, et même des milliers d’hameçons sur une ligne unique dont la longueur peut atteindre de 50 à 100 kilomètres. Lorsque les poissons se prennent à l’appât, ils peuvent rester accrochés ainsi des heures durant avant que la ligne de pêche ne soit ramenée.

    La pêche commerciale dépend de même fréquemment de filets maillants – des murs de filets au maillage étroit dans lesquels les poissons se retrouvent piégés. Leurs ouïes comprimées par le maillage, ils ne peuvent respirer et suffoquent dans les filets où ils peuvent rester coincés pendant des heures avant qu’ils ne soient ramenés à bord.

    La révélation la plus marquante de ce rapport, cependant, est le nombre impressionnant de poissons qui se voient infliger une telle mort par les hommes. En prenant les tonnages rapportés des différentes espèces de poissons pêchés et en divisant cette somme par le poids moyen estimé de chaque espèce, l’auteure du rapport, Alison Mood, a rassemblé ce qui pourrait être la première estimation systématique de la capture globale annuelle de poissons sauvages. Ce chiffre, a-t-elle calculé, serait de l’ordre d’un trillion, mais pourrait atteindre les 2,7 trillions.

    Afin de mettre ces chiffres en perspective, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture a estimé que 60 milliards d’animaux sont tués chaque année pour la consommation humaine – l’équivalent approximativement de neuf animaux pour chaque être humain sur la planète. Si nous prenons l’estimation la plus basse de Mood d’un trillion, le chiffre pour les poissons est de 150. Cela 1 n’inclut pas les milliards de poissons pêchés illégalement ni les poissons pêchés accidentellement et 2 rejetés, ni ceux accrochés à des hameçons comme appâts vivants.

    Nombre de ces poissons sont indirectement consommés – réduits en poudre et donnés en alimentation aux volailles ou aux poissons dans les fermes d’élevage industriel. Une ferme d’élevage de saumon classique utilise 3 à 4 kilogrammes de poissons sauvages pour chaque kilogramme de saumon produit.

    Admettons que toute cette pêche soit soutenable, bien que, évidemment, elle ne le soit pas. Il serait alors rassurant de croire qu’un massacre d’une telle ampleur n’aurait pas d’importance puisque les poissons ne ressentent pas la douleur. Mais le système nerveux des poissons est suffisamment similaire à celui des oiseaux ou à celui des mammifères pour indiquer qu’ils ressentent effectivement cette douleur. Lorsque le poisson fait l’expérience de quelque chose qui entrainerait une douleur physique chez d’autres animaux, il se comporte d’une manière qui suggère la douleur, une attitude qui peut durer plusieurs heures. (La soi- disant mémoire courte des poissons est un mythe.) Les poissons apprennent à éviter les expériences désagréables, comme les chocs électriques. Et les analgésiques réduisent les symptômes de la douleur qu’ils ressentiraient sans cela.

    Victoria Braithwaite, professeure de pêcherie et de biologie à la Pennsylvania State University, a passé probablement plus de temps à enquêter sur cette question que n’importe quel autre scientifique. Son dernier ouvrage Les poissons ressent-ils la douleur ? (Do Fish Feel Pain?) démontre que les poissons non seulement ressentent la douleur, mais sont aussi bien plus intelligents qu’on ne le pense. L’année dernière, un panel de scientifiques de l’Union Européenne a conclu qu’une prépondérance de données permet d’affirmer que les poissons ressentent effectivement la douleur.

    Pourquoi les poissons sont-ils les victimes oubliées de nos assiettes ? Est-ce parce qu’ils ont le sang froid et sont couverts d’écailles? Est-ce parce qu’ils ne peuvent exprimer leur douleur? Quelle que soit l’explication, les évidences s’accumulent désormais sur le fait que la pêche commerciale inflige une douleur et une souffrance inimaginables. Nous devons apprendre à capturer et à abattre les poissons sauvages humainement – ou, si cela s’avérait impossible, trouver des alternatives moins cruelles et plus soutenables de les consommer.

    mercredi 30 octobre 2013

    Sélection de livres

    Voici notre sélection de livres (philosophie, droit, enquêtes et rapports...).


    L'égalité animale expliquée aux humain-e-s
    par Peter Singer 
    Téléchargez gratuitement ou Achetez
    (disponible en prêt à la bibliothèque de Lyon 2)

    http://boutique.l214.com/images/grandes/livre-egalite-expliquee.jpg










     









    L'éthique animale 
     (disponible à la bibliothèque de Lyon 2)




















    La libération animale par Peter Singer 
    (disponible à la bibliothèque de Lyon 2)




    Les droits des animaux par Tom Regan
    (disponible à la bibliothèque de Lyon 2)


    Faut-il manger les animaux ?
    Jonathan Safran Foer
    (disponible en prêt à la bibliothèque de Lyon 2)
    http://boutique.l214.com/images/grandes/livre-faut-il-manger-les-animaux.jpg 


















    NO STEAK par Aymeric Caron
    (disponible en prêt à la bibliothèque de Lyon 2)


    Ces bêtes qu'on abat
    Journal d'un enquêteur dans les abattoirs français 
    couverture du livre Ces bêtes qu'on abat 








     

    lundi 28 octobre 2013

    Questionnaire alimentation

    L'association souhaite connaître les habitudes alimentaires des étudiants sur les campus (Lyon et Saint Etienne). C'est pourquoi elle a mis en place un questionnaire de 20 questions dont le temps estimé pour répondre est de 3 minutes ! A noter que les réponses sont anonymes et qu'il n'est pas nécessaire d'être usager du CROUS pour répondre.
    Les informations récoltées seront utilisées dans une perspective d'amélioration des services de restauration universitaire (en terme d'accessibilité, de choix, d'information...). Notre association rencontrera le responsable de la restauration CROUS du Rhône et de la Loire pour lui faire part des résultats ainsi que de la pétition pour un sandwich végane.

    Merci à tous pour votre participation !

    Pour faciliter la diffusion, voici un lien court : http://tinyurl.com/ppz8quw

    Si vous souhaitez agir pour un CROUS plus responsable, contactez-nous (asso.sentience(at)gmail.com) !

    Intelligence des animaux


    Sur les capacités cognitives des animaux

    Les animaux pensent-ils ?

    Au Japon, des corbeaux utilisent la circulation des voitures pour casser leur nourriture à coque comme les noix... Et attendent que le trafic s'arrête pour aller manger ce qu'il y a à l'intérieur.





    Cochon

    Vache

    Dauphin

    Chien



    Intelligence chez la pieuvre



    Fabrication d'outils




    Langage

    Koko le gorille qui parle

    Peut on décrypter les langages des animaux ?


    Alex, le perroquet qui parle


    samedi 12 octobre 2013

    Déclaration de Cambridge sur la conscience

    Nous vous livrons ci-dessous la traduction de l'importante Déclaration de Cambridge sur la conscience par laquelle d'éminents chercheurs réévaluent l'expérience consciente et les comportements des animaux non humains. Vous pouvez retrouver les enregistrements vidéos et une présentation des différents scientifiques signataires sur le site internet fcmconference.org.

    Traduction française réalisée par François Tharaud, issue du site Les Cahiers antispécistes.

    La Déclaration de Cambridge sur la conscience a été rédigée par Philip Low et révisée par Jaak Panksepp, Diana Reiss, David Edelman, Bruno Van Swinderen, Philip Low et Christof Koch. La Déclaration a été proclamée publiquement à Cambridge (Royaume-Uni) le 7 juillet 2012 lors de la Francis Crick Memorial Conference on Consciousness in Human and non-Human Animals, au Churchill College de l’Université de Cambridge, par Low, Edelman, et Koch. La Déclaration a été signée par les participants à ce colloque le soir-même, en présence de Stephen Hawking, dans la Salle Balfour de l’Hôtel du Vin de Cambridge. La cérémonie de signature a été filmée par CBS 60 Minutes. 
    [Le texte explicatif ci-dessus figure à la fin de la déclaration dans l’original anglais]
    Aujourd’hui, le 7 juillet 2012, un groupe d’éminents chercheurs en neurosciences cognitives, neuropharmacologie, neurophysiologie, neuroanatomie et neurosciences computationnelles se sont réunis à l’Université de Cambridge pour réévaluer les substrats neurobiologiques de l’expérience consciente et des comportements afférents chez les animaux humains et non-humains. Bien que la recherche comparative sur ce sujet soit naturellement entravée par l’incapacité des animaux non-humains, et souvent humains, à communiquer facilement et clairement leurs états internes, les faits suivants peuvent êtres affirmés sans équivoque :
    • Le champ des recherches sur la conscience évolue rapidement. Un grand nombre de nouvelles techniques et stratégies de recherche sur les sujets humains et non-humains a été développé. Par conséquent, de plus en plus de données sont disponibles, ce qui nécessite une réévaluation régulière des conceptions régnantes dans ce domaine. Les études sur les animaux non-humains ont montré que des circuits cérébraux homologues corrélés avec l’expérience et la perception conscientes peuvent être facilités et perturbés de manière sélective pour déterminer s’ils sont réellement indispensables à ces expériences. De plus, chez les humains, de nouvelles techniques non-invasives sont disponibles pour examiner les corrélats de la conscience.
    • Les substrats cérébraux des émotions ne semblent pas restreints aux structures corticales. En réalité, les réseaux de neurones sous-corticaux excités lors d’états affectifs chez les humains sont également d’une importance critique pour l’apparition de comportements émotifs chez les animaux. L’excitation artificielle des mêmes régions cérébrales engendre les comportements et les ressentis correspondants chez les animaux humains et non-humains. Partout où, dans le cerveau, on suscite des comportements émotifs instinctifs chez les animaux non-humains, bon nombre des comportements qui s’ensuivent sont cohérents avec l’expérience de sentiments, y compris les états internes qui constituent des récompenses et des punitions. La stimulation profonde de ces systèmes chez les humains peut aussi engendrer des états affectifs similaires. Les systèmes associés à l’affect sont concentrés dans des régions sous-corticales dans lesquelles les homologies cérébrales sont nombreuses. Les jeunes animaux humains et non-humains sans néocortex possèdent néanmoins ces fonctions mentales/cérébrales. De plus, les circuits neuronaux nécessaires aux états comportementaux/électro-physiologiques de vigilance, de sommeil et de prise de décision semblent être apparus dans l’évolution dès la multiplication des espèces d’invertébrés ; en effet, on les observe chez les insectes et les mollusques céphalopodes (par exemple les pieuvres).
    • Les oiseaux semblent représenter, par leur comportement, leur neurophysiologie et leur neuroanatomie, un cas frappant d’évolution parallèle de la conscience. On a pu observer, de manière particulièrement spectaculaire, des preuves de niveaux de conscience quasi-humains chez les perroquets gris du Gabon. Les réseaux cérébraux émotionnels et les microcircuits cognitifs des mammifères et des oiseaux semblent présenter beaucoup plus d’homologies qu’on ne le pensait jusqu’à présent. De plus, on a découvert que certaines espèces d’oiseaux présentaient des cycles de sommeil semblables à ceux des mammifères, y compris le sommeil paradoxal, et, comme cela a été démontré dans le cas des diamants mandarins, des schémas neurophysiologiques qu’on croyait impossibles sans un néocortex mammalien. Il a été démontré que les pies, en particulier, présentaient des similitudes frappantes avec les humains, les grands singes, les dauphins et les éléphants, lors d’études de reconnaissance de soi dans un miroir.
    • Chez les humains, l’effet de certains hallucinogènes semble associé à la perturbation du feedforward et du feedback dans le cortex. Des interventions pharmacologiques chez des animaux non-humains à l’aide de composés connus pour affecter le comportement conscient chez les humains peuvent entraîner des perturbations similaires chez les animaux non-humains. Chez les humains, il existe des données qui suggèrent que la conscience est corrélée à l’activité corticale, ce qui n’exclut pas d’éventuelles contributions issues du traitement sous-cortical ou cortical précoce, comme dans le cas de la conscience visuelle. Les preuves d’émotions provenant de réseaux sous-corticaux homologues chez les animaux humains et non-humains nous amènent à conclure à l’existence de qualia affectifs primitifs partagés au cours de l’évolution.
    Nous faisons la déclaration suivante : « L’absence de néocortex ne semble pas empêcher un organisme d’éprouver des états affectifs. Des données convergentes indiquent que les animaux non-humains possèdent les substrats neuroanatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients, ainsi que la capacité de se livrer à des comportements intentionnels. Par conséquent, la force des preuves nous amène à conclure que les humains ne sont pas seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience. Des animaux non-humains, notamment l’ensemble des mammifères et des oiseaux ainsi que de nombreuses autres espèces telles que les pieuvres, possèdent également ces substrats neurologiques. »


    jeudi 3 octobre 2013

    Vidéos courtes

    Sait-on ce qu'est la viande ? Canal+


    Bêtes pas bêtes
     

    Pétition pour un sandwich végane au campus PDA

    Contexte 

    La sandwicherie du Campus Portes des Alpes de l'université Lumière est gérée par le CROUS. Elle propose de multiples sandwiches, la majorité avec de la viande et depuis 13 ans, un sandwich végétarien (pain, salade, tomate, fromage).

    Il y a un mois une étudiante est allée demander auprès de la vendeuse de la sandwicherie dans quelle mesure il était possible de proposer des recettes véganes. La vendeuse s'est montrée serviable et très ouverte à l'idée. L'étudiante lui a expliqué la situation : elle est végétalienne et elle ne peut pas acheter de sandwich car tous contient un ou plusieurs produits animaux. Elle lui a dit que son cas n'était pas isolé et promis de lui apporter quelques idées de recettes (car les sandwiches véganes ne se réduisent pas à du pain, de la salade et des tomates !).

    Entre temps, une autre étudiante a fait savoir qu'elle était végétalienne et intéressée par un sandwich végane. La vendeuse était de nouveau intéressée et à demander à ce qu'on lui donne quelques idées. Quelque temps plus tard, un petit dossier signé par une dizaine d'étudiants a été remis auprès des vendeurs. Celui-ci contient quelques explications sur le choix de leur alimentation (en dessous) et plusieurs idées de sandwiches

    Une semaine plus tard, la vendeuse a annoncé que les décideurs n'étaient pas intéressés car il n'y avait eu que 2 personnes à en avoir fait la demande (elle n'a pas pensé à spécifier que le dossier avait été signé par plusieurs étudiants).  Les vendeurs conseillèrent de faire une pétition.

    Un sandwich végane pour qui ?

    Un sandwich végane est dépourvu de produits d'origine animale (jambon, poisson, saucisse, lardon, fromage, beurre...). Il conviendrait aux personnes végétaliennes ainsi qu'aux personnes intolérantes au lactose. Il permettra également d'étendre le choix des sandwichs pour tous les étudiants et plus particulièrement les végétariens et les musulmans / juifs qui ont actuellement un choix limité.

    Agir !

    Vous pouvez dès à présent signer la pétition. Elle sera remise aux vendeurs lorsqu'une centaine de signatures seront récoltées.

    Vous pouvez également signifier aux vendeurs votre intérêt pour ce type de sandwich ou votre soutien pour les personnes qui pourraient en profiter.

    Merci pour votre aide !

    Annexe :

    Petite explication sur le choix d'une alimentation végétale, extrait du dossier remit aux vendeurs de la sandwicherie.